Les Caraïbes c’est essentiellement une navigation dans les alizés.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, « alizés » ne veut pas dire beau temps, soleil, vent doux etc. Alizés c’est du vent de secteur Est avec les variantes de nordé et de suet, mais presque toujours des vents soutenus qui entraînent une mer sérieuse pour le moins.
En période cyclonique, actuellement, entre juin et fin novembre, les vents sur le sud des Antilles, sur le Vénézuéla, s’orientent Est Sud-est et sont rarement inférieurs à 15/20 nœuds. Cette saison 2006 les ondes tropicales ont démarré très vite et se suivent avec une régularité de métronome.
Ces ondes qui se déplacent dans le sens Est Ouest à des vitesses entre 12 et 20 nœuds apportent des vents assez forts et occasionnent des orages qui peuvent être violents. C’est ainsi que dans la nuit du 13 au 14 juin 2006 alors que nous naviguions sur la côte du Vénézuéla en remontant le vent, nous avons subi un orage qui a duré pratiquement toute la nuit générant des vents forts avec des pointes à 54,9 nœuds enregistrés par l’anémomètre (voir photo). La mer devient vite creuse, la visibilité nulle et le confort minimaliste. Les ondes tropicales ne sont pas dangereuses tant qu’elles ne se transforment pas en tempêtes tropicales et comme dirait Jean Yves Bernot, dans ce cas, le salut est dans la fuite…
Amuitz a du, après avoir passé un mois et demi dans les îles des Roques et des Aves, revenir sur Puerto La Cruz. Une navigation relativement pénible, grand voile à deux ris et Solent dans une mer formée pour les 100 milles qui séparent les Aves du continent. Ensuite nous avons décidé de longer la côte et de faire une grande partie de la route au moteur pour gagner sur l’Est.
Première escale, Puerto Cabello, escale ratée vu que nous n’avons pas pu rentrer dans le port par manque de place pour manœuvrer. Nous avons décidé de prolonger notre route et de nous rendre à Isla Larga à quelques 6 milles de là.
Un site bien préservé de la houle, rendez vous de fin de semaine pour les vénézuéliens du secteur amateurs de bronzette. Apres Isla Larga, route vers l’Est et première escale dans une baie houleuse du nom de Bahia Puerto Cruz. Petite baie très profonde ou nous avons du mouiller dans plus de 20 mètres d’eau et en mettant une seconde ancre sur l’arrière pour maintenir Amuitz en ligne.
Le lendemain nous avons poursuivi vers Caraballeda, un port de plaisance détruit en 1999 lors d’une inondation meurtrière qui avait causé la mort de près de 80.000 personnes lors de coulées de boue. Encore aujourd’hui le port est sinistré, les postes d’amarrage sont déficients, il n’y a ni eau ni électricité, les quais sont défoncés etc… Nous décidons de poursuivre vers l’Est en navigation nocturne pour retrouver des vents plus faibles. Mauvaise option qui nous fait passer dans une onde tropicale puissante avec des vents de prés de 55 nœuds en pointe. Finalement nous arrivons le matin à Carenero pour un repos mérité.
Un mouillage prés d’un port et d’une mangrove ou nichent des Ibis rouges, nous apprendrons le lendemain que le lieu est réputé très dangereux…
Finalement c’est une navigation de toute une journée entre Carenero et Puerto La cruz, longue de 90 milles qui sera la fin de ce retour vers la case départ ou presque.
L’occasion de pêcher un superbe Thasard. Il nous reste moins de 100 milles pour arriver dans le fond du golfe de Cariaco. Nous restons quelques jours à PLC afin de retrouver des amis perdus de vue depuis notre traversée de l’Atlantique en décembre 2005 et qui sont attendus ici dans la semaine.