Bagues de safran JP3 Lagoon 47.

Parmi l’entretien à faire sur les voiliers, les bagues du ou des safrans sont partie des pièces à vérifier et à changer au besoin.

Rien de pire que de naviguer avec des safrans qui ont pris trop de jeux ou qui se bloquent.

Nous avons vécu les deux cas sur le Lagoon 47.

Safran babord bloqué et safran tribord trop libre.
Une situation qu’il faut éviter à tout prix.

Le problème est arrivé d’un coup. Les safrans semblaient normaux lors du dernier carénage, les barres tournaient librement sans effort apparent, pas de jeux inconsidéré sur les mèches des safrans suspendus.

 

Quelques mois plus tard et quelques milliers de milles plus loin, on laisse le bateau trois mois sans naviguer, sur l’eau. Lors de la dernière navigation au Panama entre les îles San Blas et Colon le pilote automatique avait eu des coups de chaud qui aurait du nous mettre la puce à l’oreille.

Trois mois plus tard, une fois de retour à bord, on sent tout de suite que quelque chose ne va pas. Les safrans tournent mais c’est dur à la barre. On se dit que ça va passer et on prend la mer. Ne voyant pas d’améliorations, le pilote ne barre pas plus de 10 minutes avant de se mettre en stand bail car c’est trop dur pour lui. Pourtant nous avons le vérin électrique le plus gros de chez Raymarine. Sous l’eau on constate qu’un safran semble bloqué alors que l’autre à du jeux. Nous sommes obligés de désolidariser les deux safrans et on laisse celui bloqué en position droite. Durant deux mois on va barrer sur un seul safran avec l’autre bloqué droit, ce qui contrarie fortement les manoeuvres. Etant loin de tout chantier naval nous décidons de retirer le safran à flot. Un travail épuisant de plusieurs jours que nous avons réalisé grâce à une pièce fabriquée en inox, un long tube avec un carré en bout, le tout actionné millimètre par millimètre à l’aide d’une énorme pince à griffes et d’un équipier monté dessus pour faire descendre tout doucement le safran.

 

48h plus tard et quelques litres de sueur plus loin, le safran était sorti de son logement et pendait sous le bateau amarré à des bouts de sécurité. Le safran qui avait du jeux est sorti de son logement tout seul, une fois le secteur de barre et la sécurité retirés.

JP3 autoalignant.

Les safrans du Lagoon 47 sont monté d’origine sur les paliers autoalignants JP3 avec boule percée. Deux paliers par safran, un en haut du compartiment moteur l’autre au ras inférieur de la coque, sous l’eau.

C’est cette partie qui reçoit le boitier en aluminium stratifié à la coque dans le quel se trouve la boule en matière synthétique percée au diamètre de la mèche du safran. Le tout peut bouger dans son compartiment et s’aligner parfaitement.

La ou le bat blesse, c’est qu’au bout d’un certain nombre d’années, les boules finissent par user la fine couche d’anodisation du boitier. C’est là que l’alumine se crée et coince la boule prise en étau. Du coup la mèche ne peut plus tourner et tout se bloque. La solution est radicale, il faut découper le fond du bateau pour retirer le boitier ainsi que le demi tube de jaumière…

 

C’est ainsi que nous avons du mettre le bateau au sec dans un chantier et nous attaquer à cette opération assez peu commune, au moins dans les 15 premières années du bateau. Le plus simple c’est de retirer le moteur pour pouvoir travailler facilement. Nous pensions pouvoir enlever le boitier par en dessous, en vain.

 

Finalement une découpe a été réalisée par un spécialiste.

 

Restait ensuite à poncer à nu une grande partie de cale moteur qui allait recevoir la nouvelle stratification pour consolider le tout. Avant cela il a fallu aligner les deux paliers au millimètre. pour ce faire, il faut garder le palier haut pour aligner le bas, quitte à retirer le haut une fois la partie basse rénovée. L’alignement a été réalisé par une pige longue de près de deux mètres traversant de part en part la coque. De cette manière on peut visualiser l’alignement parfaitement.
Il faut prendre le temps, y aller par petits coups jusqu’à l’alignement parfait.
Une fois aligné on fixe provisoirement le boitier bas à la pâte époxy. Une fois tout bien aligné et fixé, il faut tailler des pièces de toile de verre épaisse, pas de mat, du rowing directionnel, en prenant bien soin de percer le passage du tube de jaumière. Nous avons mis une dizaine de couches qui reprennent les efforts et retiennent le tube fixé sur des équerres en bois, le tout étant stratifié fortement à la coque. Il est impératif de réaliser tout ce travail soigneusement afin que le résultat soit parfaitement aligné et que les boules tournent librement dans le logement avec la mèche du safran enfilée.